Histoire

fontaineIl y a environ 2000 ans, la voie romaine Metz – Mayence passait dans le village qui constituait alors le plus important centre de production de poterie de l’est de la Gaule : la céramique sigillée. Des fontaines ont été mises en service, rappelant celles qui existaient un peu partout dans la commune jusqu’à l’arrivée de l’eau courante. Une grande fresque de 150 m² peinte sur le pignon d’une maison au centre du village et la fontaine des potiers rappellent le passé prestigieux des lieux. Vous apprécierez également l’église Saint-Remi avec son remarquable retable des douze Apôtres en pierre de Jaumont du XVIème siècle et son ossuaire.

« Le village situé près d’une fontaine à l’orée d’un bois » 

Le nom de la commune Panneau B

Différentes graphies au cours des siècles ! La graphie du nom de BOUCHEPORN a beaucoup varié et cela pour plusieurs raisons ; d’abord dans les actes les plus anciens, c’est le latin qui était la langue usuelle, surtout dans les cartulaires des abbayes ; ensuite le nom est écrit tantôt en français tantôt en allemand.. D’autre part, aussi longtemps que la plupart des gens étaient illettrés et qu’il n’y avait pas de graphie fixée officiellement, les clercs transcrivaient les noms comme ils croyaient l’entendre.

an760 – BUXBRUNNO

1121 – BOSPURNO

1122 – BLESBORNE

1180 – BUSPORNUM

1267 – BUSPURNUM

1303 – BOPERES-BOUPERON

1357 – BESPERON, BOSPERON

1390 – BOUSPERON

1518 – BOUCHEPORN

1544 – BUSPERNA

1594 – BANSCHBORN

1600 – BOSPORNUM

1607 – BUSCHPORN

1609 – BOUCHEPORNA

1662 – BOUSPRON

1681 – BOUCHEPRONE

1683 – BOUCHBORN

1762 – BOUCHPERT

1871 – BUSCHBORN

1918 – BOUCHEPORN

Dans toutes les dénominations ci-dessus, on trouve ou on reconnaît toujours les deux éléments qui composent le nom, à savoir : BUSCH (forêt) et BORN (fontaine). Donc « village situé près d’une fontaine à l’orée d’un bois ». Où se trouve cette fontaine près d’une forêt à Boucheporn ? Pour qui connaît les lieux, il n’y a aucun doute : pourquoi les Romains avaient-ils installé leur camp et leur officine de poterie près de la voie romaine, à l’endroit qu’on connaît près du « Ziegelgarten » ? En allant chercher du bois 200 mètres plus bas, ils ont trouvé à gauche de la forêt « Pfaffloch » une source qui jaillit à la base d’une grande roche en grès, au débit abondant en toute saison et qui coule toujours dans la prairie « Himmelstein » en formant un petit ruisseau. Et à droite de la forêt, il y a encore une autre source qui coule à travers la prairie « Morschel » jusqu’au ravin qui longe le bois de « Jutzloch ».

Site déjà occupé semble-t-il depuis la préhistoire, et par la suite, en bordure de la voie de communication romaine Metz – Mayence, Boucheporn a connu au cours des siècles de nombreuses mutations, riches en événements historiques et culturels ainsi que des activités débordantes d’intérêt, si l’on en juge par les récits des historiens, les résultats des fouilles, les vestiges de tous genres malheureusement trop rares, les légendes et les histoires locales qui ont su arriver jusqu’à nos jours. Préhistoire : Découverte d’une hache néolithique et d’un lingot de fer brut.

14 – 37 après Jésus-Christ : Du temps des romains, la région était desservie par une voie romaine venant de Metz, passant par Varize, Narbéfontaine, Boucheporn, Sainte-Fontaine, le Hérapel et continuait en direction de Mayence. Vu sa situation, Boucheporn était un point stratégique. D’après des fouilles réalisées en 1967 / 68 et 74, il apparaît qu’à l’époque romaine régnait sur la côte de Boucheporn au lieu dit « Ziegelgarten » une intense activité industrielle.

60 – 70 ap. J.-C. : Sur une surface de 400m², on a exhumé des tuiles et des tessons de poterie sigillés, poteries poterie vernissées, fragments de briques calcinées et de conduits de chaleur utilisés par les romains dans la construction de Fourfours de potiers : pas moins de29 fours en tout.   80 – 97 ap. J.-C. : Des potiers réputés comme celles de Saturninus et de Satto firent leurs débuts à Boucheporn. Le village abritait également un camp militaire avec magasins, ateliers et auberges. Des masses de pièces de monnaies romaines datant du 1er siècle de notre ère ont été mises à jour. 98 – 120 ap. J.-C. : Laboratoire d’essais, véritable usine où de nombreux potiers viennent y faire des expériences. 120 – 160 ap. J.-C. : Récession et départ des potiers expérimentateurs. 160 ap. J.-C. : Incendie de la poterie, la production est réduite. L’officine de céramique de Boucheporn compte parmi les plus importantes de la Gaule de l’Est (voir Les catégories de céramique de Gaule du Nord sur le site du Centre de recherches d’archéologie nationale). L’activité de l’atelier se ralentit et s’éteint complètement à la première invasion.Guerriers-germaniques 250 ap. J.-C. : Première invasion germanique. Saccage, incendies, destruction, pillages, massacre de la population. Pendant quelques siècles, jusqu’à l’époque franque, le village reste abandonné, puis des immigrés germaniques reprennent possession des lieux.

Vème et Xème siècle : Le village est pense-t-on occupé par les Francs et le Christianisme s’y implante. Le nom de la localité est mentionné en latin pour la première fois vers 760 dans un livre de Confraternité de l’abbaye de Reichenau en Allemagne près du Bodensee. On y parle d’un monastère près de « Buxbrunno », le monastère Saint Martin, des glandières à Longeville-les-Saint-Avold. L’histoire de Boucheporn s’inscrit étroitement dans celle des deux abbayes auxquelles appartenait ce village depuis le début (VII et VIIIème siècle) jusqu’à la révolution : 1024px-Abbaye_Saint-Martin-des-Glandières,_vue_générale_ancienne.03-abbatiale-re0301d

L’abbaye de Saint Nabor à Saint-Avold et l’abbaye de Saint Martin à Longeville-les-St.Avold.     999 : L’empereur germanique Othon III fait don à l’évêque Adalbéron II du domaine impérial de la grande forêt du Warndt.Warndt1 1121 : L’évêque Étienne de Bar accorde le « Conduit » de l’église de Boucheporn avant son départ à la croisade (« Conduit » = conductum, terme désignant vraisemblablement le « patronage », c’est-à-dire le droit de présenter et de nommer le curé). 1258 : Ce droit est à nouveau cédé par l’abbé Pontius de Longeville à la jeune collégiale de Hombourg fondée par l’évêque Jacques de Lorraine. 1284 : La cour ou ferme (Hof) de Biesta (Bisten) est mentionnée parmi les biens des Seigneurs de Créhange sous le nom de « Abtshof » = cour abbatiale. Cette cour de Bisten sera le siège de la mairie de Boucheporn. Aucun document antérieur au XVème siècle ne permet d’affirmer que l’abbaye de Saint Nabor possédait déjà la mairie de Boucheporn. Les domaines de l’abbaye se limitent à l’époque à Téting, Lelling, Folschviller, Berfing et Alding. Les seigneurs de Créhange ne font pas d’avantage mention de Boucheporn dans les dénombrements de leurs biens, ni en 1275, ni en 1460 quand l’abbé de Saint Nabor se considère déjà comme Seigneur de Boucheporn. Ce qui laisse supposer que la seigneurie de Boucheporn était tenue en fief de l’évêque par le comte de Sarrebruck et qu’elle était liée à la seigneurie du Petit-Varsberg ou « Vieux Varsberg ».chateau de vasberg

1233 : Le comte de Sarrebruck transmet à Henri de Deux-Ponts le château de Vieux-Varsberg ainsi que la vouerie de Boucheporn.

1258 : Henri de Deux-Ponts les donne en fief à Jean de Varsberg. 1284 : Jean de Varsberg les laisse à plusieurs héritiers dont les seigneurs de Kerpen, de Raville-Dastuhl et surtout les seigneurs de la famille de Créhange. En ce qui concerne Boucheporn, il est probable que les seigneurs ont exercé non seulement les droits de vouerie mais tous les droits seigneuriaux. 1348 à 1505 : Ils se croyaient d’autant plus fondés à exercer ces droits qu’ils possédaient un autre fief consistant de rentes et de redevances à percevoir à Boucheporn et comprenant Obervisse, Niedervisse, Le Crewald et même Diesen. Ce fief, les voués de Boucheporn (vogte = prévots, baillis) le tenaient de l’archevêque de Trèves. C’est probablement à cause de ce fief, que les voués de Boucheporn voudront toujours être considérés comme seigneurs à égalité de droit avec l’abbé de Saint Nabor. 1688 : Les seigneurs de Créhange abandonnèrent leurs droits de la vouerie de Boucheporn à un nommé Abraham Mangin. 1714 – 1728 : La vouerie de Boucheporn devient possession de la famille Georges de Metz d’abord en la personne de Nicole Georges. 1708 : Nicole Georges épouse le conseiller au parlement de Metz, Claude François Bertrand à qui elle apporte comme dot la moitié de Boucheporn. L’autre moitié appartenant au frère de Nicole, Jean Gabriel, dit Georges de Lesseville. 1723 : Celui-ci épouse Jeanne-Catherine Fion. De leur mariage naît Marie Jeanne Catherine qui épouse en 1749 le comte René François Foucquet, lieutenant général des armées du roi.Village_brule_Callot 1618 – 1648 : La guerre de trente ans à Boucheporn, œuvre de Richelieu et de Louis XIV racontée par Don Bigot, prieur au couvent de Longeville et témoin oculaire en 1637. Famine épouvantable qui poussa les populations à manger de la charogne, il y a même des cas de cannibalisme ; le froid rigoureux fait mourir les pauvres gens réfugiés dans les forêts ; la plupart des villages sont désertés ; ce qui ont échappé à la mort, sont partis pour des régions plus calmes, surtout en direction de la Belgique. 1664 – 1720 : Le village recommence à se repeupler. Il y a des réfugiés venus de Belgique, dont 4 ou 5 curés. 1789 : La révolution française fait également des victimes à Boucheporn. Émigration mais aussi exécution dont Claude François Bertrand de Boucheporn . Le XIXème siècle commença par les guerres de Napoléon I qui s’achevèrent environ 14 années plus tard avec la défaite de Waterloo. La France est à nouveau envahie et occupée par les vainqueurs. 1815 : Entre juin et juillet les gens de Boucheporn voient passer et hébergent 180 cuirassiers français, une centaine de cosaques, 28 Prussiens à cheval, 1165 Russes, plus tard encore 250 Russes puis 560 Russes.

1870 : La guerre de 1870. L’armée de Bazaine prend position dans la région. La division Montandon campe àuniformes.2 Boucheporn, puis c’est au tour de la division Decaen. La bataille fait rage à Spicheren le 7 août les restes de l’armée de Frossard se replient sur Boucheporn, et le 8 août l’armée de Bazaine bat en retraite, laissant les Uhlans faire leur entrée. La germanisation commence : renvoi du personnel enseignant qui est remplacé par des instituteurs allemands. Le souci des jeunes d’échapper à l’enrôlement dans l’armée allemande et la possibilité laissée aux habitants d’opter pour la France donne une nouvelle impulsion à l’exode de la population vers la région parisienne.

1890 : C’est la belle époque. C’est à cette époque que furent construites une grande partie des belles maisons avec les belles portes de granges. 1914 – 1918 : La mobilisation générale. L’Allemagne déclare la guerre à la France. De nombreux hommes sont14 18 depart14 18 mobilisés. Certains ne reviendront plus. Restrictions, réquisitions, perquisitions, Boucheporn paye un lourd tribut. 1925 : Le courant électrique arrive à Boucheporn. 1933 : Construction de la ligne Maginot. Ouvrages fortifiés du Mottenberg, Mitscherberg et Kerfent. Une barrière antichar, formée de rails plantés en terre et de plusieurs rangs de fils de fer barbelés traversent champs et prairies.

2 septembre 1939 : Boucheporn est à nouveau évacué. Le village d’accueil est Gouex dans la Vienne. Les mineurs partent dans le Pas de Calais. Les soldats occuperont les maisons inhabitées. Les animaux, vaches, porcs, lapins et volailles sont lâchés dans la nature et serviront plus tard de nourriture aux soldats. Les habitations seront vidées de toute provision, et par la suite mobilier, linge, vaisselle disparaîtront progressivement.

retour 19405 septembre 1940 : Le retour à Boucheporn. La France est occupée par les Allemands. Les provinces d’Alsace-Lorraine sont annexées par Hitler. Les gens sont devenus citoyens allemands et ils le resteront jusque fin novembre1944 avec toutes les contraintes et malheurs que ces moments pénibles comportaient : travail obligatoire « Arbeitsdienst », enrôlement de force dans la « Wehrmacht » (Malgré-nous), déportations, morts, disparitions, perquisitions par la Gestapo.

27 nov. 1944 : Libération de Boucheporn.

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1964 – 1969 : L’eau courante est installée, aménagement des trottoirs avec bordure.

1972 – 1977 : Aménagement d’un premier lotissement. (Les Vergers 1)

1981 – 1983 : Aménagement d’un deuxième lotissement. (Les Vergers 2)

 

1983 – 1984 : Construction du nouveau groupe scolaire et du Foyer Socioculturel.

1986 : Aménagement des anciens bâtiments scolaires en mairie, salle de mariage, agence bancaire et à l’étage en logements.

1989 : Plantation d’un arbre de la Liberté.

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Arbre de la Liberté

L’arbre de la liberté est un symbole de la liberté, depuis la période de la Révolution française. Il symbolise aussi en tant qu’arbre de la vie, la continuité, la croissance, la force et la puissance. Il est devenu au cours du XIX e siècle un des symboles de la République française avec la Marianne ou la semeuse.

1997 – 2001 : Réaménagement et embellissement du village

11 septembre 99 Inauguration du nouveau Boucheporn

11 septembre 99 Inauguration du nouveau Boucheporn

2005 : Création d’un accueil périscolaire

2010 : Aménagement d’un troisième lotissement (Rue de la Montagne) lot Potier

Bibliographie : « BOUCHEPORN 2000 ans d’histoire » par l’abbé Joseph COLBUS – Collection historique « monographies de la lorraine mosellane » – Fascicule n°71 – 1987 « Les Cahiers Lorrains » – Organes des sociétés savantes de la Moselle-n°4 Octobre 1959 « Boucheporn et la céramique Gallo-Romaine », par Marcel Lutz, membre associé libre